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Conférence de Mr Faber

Le comte du Monceau

Nécessité pour les entreprises de tenir compte de leur impact sur l'environnement dans leur comptabilité

”Le rythme de la croissance verte est trop lent et le découplage entre croissance économique et émissions de gaz à effet de serre ne fonctionne pas. Il nous reste dix ans d’émissions actuelles avant d’atteindre une situation de non-retour”, a-t-il notamment expliqué, pointant – au départ de nombreux exemples récents, y compris dans les pays du nord de l’Europe – les risques pour la biodiversité, l’accès à l’eau, la qualité des sols ou encore pour l’alimentation. Et d’illustrer : “Il y a six espèces de plantes qui produisent 80 % des produits alimentaires sur la planète. Imaginez les conséquences d’un problème majeur sur une ou deux de ces espèces…. Si ce n’est pas là un risque systémique… Le changement climatique va nous obliger à changer”. Le tableau est forcément très interpellant. Mais force à la réflexion. Et surtout à l’action. Désormais président de l’ISSB (NdlR : International Sustainability Standards Board) – un organe qui travaille à définir les normes que les entreprises devront utiliser pour montrer comment elles traduisent leurs engagements pour lutter contre les changements climatiques –, Emmanuel Faber a insisté sur la nécessité de faire évoluer la comptabilité des entreprises, afin qu’elles intègrent toutes les conséquences de leurs modes de production, en amont et en aval, sur l’environnement au sens large. Un tournant qui aura forcément des conséquences sur la rémunération du capital et donc sur les actionnaires des entreprises cotées. “Construire un nouveau narratif commun” ”Face à l’impératif écologique et social, il faut rapporter dans la comptabilité de l’entreprise tout ce qui compte pour porter une économie plus résiliente”, a expliqué ce grand passionné d’alpinisme, plaidant plus généralement pour l’instauration d’une finance au service de l’économie et surtout de l’humain. “Dans la comptabilité, les ressources naturelles ne sont pas valorisées comme des actifs en tant que tels, mais apparaissent seulement les coûts d’extraction, de traitement, de transport… Il est impératif de tenir compte des conséquences des changements climatiques dans la gestion des risques d’une entreprise. […] Car le changement climatique va radicalement changer les avantages concurrentiels. Ce qui paraissait évident par le passé ne le sera plus. Avoir accès à des ressources en eau sera, par exemple, pour une entreprise un Dans la comptabilité, les ressources naturelles ne sont pas valorisées comme des actifs en tant que tels" - Emmanuel Faber ,, avantage concurrentiel, et plutôt en amont d’un fleuve qu’en aval. Les entreprises vont devoir lire leurs avantages concurrentiels avec des lunettes différentes, des lunettes de température, de lunettes de sol ou de qualité de sol pour savoir comment et où s’implanter ou développer de nouvelles activités. La compétitivité climat est déjà une réalité pour les banques, elle le deviendra pour toutes les entreprises”, a-t-il poursuivi. Pour Emmanuel Faber, les entreprises devront également renouer avec l’essence même de ce qu’était l’économie à ses origines au travers de la logique d’un ancrage résolument local qui allie transition écologique, économie circulaire et justice sociale. “Il faut construire un narratif commun pour les générations futures qui tient aussi compte du lien social et familial et pas uniquement de l’argent. La reconnexion et la compréhension de notre insertion dans la nature sont primordiales”, a-t-il poursuivi. Pour lui, l’Homme ne doit pas s’enfermer dans une logique de “systèmes”, ce qui annihile toute capacité de changement, mais il doit au contraire prendre conscience qu’il est lui-même “le système” et donc l’acteur des changements à venir. Et de conclure son propos : “Nous devons arbitrer entre le nécessaire, le superflu et l’essentiel et nous devons, avant tout, vivre ensemble. On pourrait avoir le sentiment qu’il y a des forces collectives tellement importantes pour mettre cela en oeuvre que cela en devient décourageant. Mais je pense que notre entrée sur cette route vers l’avenir est très fondamentalement liée à la réappropriation de notre autonomie économique, à chacune et chacun d’entre nous, au plus près de là où nous sommes. C’est cela qui fera notre résilience demain”.